Comment repérer la maltraitance physique chez le tout-petit ?
On peut penser à tort que la maltraitance physique sur des tout-petits est facile à détecter.
On peut penser à tort que la maltraitance physique sur des tout-petits est facile à détecter. En effet, chez des enfants plus grands, il existe de nombreux signes concrets et visibles pour détecter une maltraitance physique (un enfant couvert de bleu, de griffures, de brûlures …) qui peuvent vous alerter.
Mais ici, nous parlons de jeunes enfants qui sont en plein développement de leur motricité, en plein apprentissage de ce qu'ils peuvent faire ou ne pas faire. Autrement dit, avez-vous déjà vu un petit sans bleus sur le corps qui serait dans une phase de l'acquisition de la marche ? Un enfant sans marques de pincements parce qu'il a découvert par lui-même qu'une porte de placard peut se refermer sur ses petits doigts ?
Comment détecter la maltraitance du jeune enfant avec vigilance ?
Vous aurez compris qu'il faut être vigilant à ne pas suspecter d'office une situation de maltraitance physique là où il n'y en a pas.
Toutefois, lorsque vous constatez des blessures sur un jeune enfant, il va être important de vous interroger sur la plausibilité de telles marques. Bien entendu, vous ne pourrez interroger l'enfant qui n'aura pas la capacité de verbaliser ce qui s'est passé (ou manquera de vocabulaires). Vous allez donc devoir vous interroger sur l'attitude des professionnels ou des adultes qui ont la charge de l’enfant au moment des faits.
Lorsqu'un “traumatisme accidentel ” se produit chez un tout-petit, l'adulte encadrant demande une consultation immédiate chez un professionnel de santé ou à minima vous prévient dans la foulée. Lorsqu'il vous racontera les faits, vous pourrez sentir de l'anxiété, de la culpabilité de ne pas avoir pu empêcher l'accident.
Rien ne vous sera épargné, l'adulte encadrant vous racontera dans les détails les faits, comme pour justifier son impossibilité à agir. Vous pourrez observer que son attention est portée sur la douleur de l'enfant (“Il n'arrêtait pas de pleurer”, “Je ne savais pas comment l'apaiser ou le soulager”…). Vous pourrez même constater parfois, de nombreuses accusations sur d’autres personnes ou sur un contexte défini. Il est fréquent de constater qu'un individu en souffrance, projette sa propre colère sur l'extérieur (mécanisme de défense connu sous le nom de projection). Ce n'est plus lui le coupable, c'est le médecin ou l'infirmière qui n'a pas réussi à calmer l'enfant rapidement, c’est le jardin qui était mal entretenu, c’est la chaise qui était abîmée. En se déchargeant, l’adulte tentera de soulager ponctuellement son sentiment d'impuissance et de culpabilité.
Voilà rapidement ce que vous pouvez constater lors du recueil explicatif d'un grave hématome ou de la fracture d'un tout petit par l'adulte encadrant. Ce discours témoigne d'un adulte qui s'ajuste aux besoins de l’enfant et qui fait face à un “simple” accident. Toutefois, ce n'est pas toujours le cas.
Quand se demander s’il y a réellement maltraitance de la part d’un adulte ou d’un professionnel ?
Voici comment repérer si cet accident n'en est pas réellement un, et connaître certains signaux qui doivent vous alerter :
- Les circonstances de l'accident sont floues. L'adulte ne pourra pas véritablement indiquer comment l'enfant s'est fait cela. Vous constaterez que le sujet et vos questions, bien que légitimes, le dérangent. Que cherche-t-il à cacher ? Un défaut de surveillance ? Une maladresse ? Une forme de culpabilité ?
- Les explications données varient selon la personne que vous avez en face de vous. Un adulte vous dit qu'il est tombé de sa chaise le matin, là où un autre va accuser un autre enfant d'un geste déplacé. Autrement dit, autant d'explications que de personnes interrogées ! Encore une fois, vu que le tout-petit ne peut pas verbaliser les faits, vous ne pourrez avoir de réelles certitudes et connaître la vérité.
- Vous pouvez vous apercevoir que l'enfant a été pris en charge de manière tardive. Dans le discours de l’adulte, vous comprendrez que l'enfant est “tombé” le matin, mais que les soins ont été effectués seulement l’après-midi, ou encore que vous n’avez été contactés que de nombreuses heures après les faits.
- La douleur de l'enfant peut également être minimisée : “Paul a pleuré toute la journée, il m'a soulé ! ", ”C'est vraiment un comédien, une fracture ne fait pas si mal, il ne faut pas abuser !”. Finalement, vous pouvez voir ici que ce n’est aucunement la douleur de l'enfant qui est prise en compte, mais bel et bien les besoins de quiétude de l'adulte !
- La nature de la lésion qui peut être incompatible avec l'explication donnée. “Paul a une fracture au poignet, en même temps, il n'arrête pas de jouer avec le placard du dortoir”.
Restez vigilants face au discours de l’adulte et aux circonstances. Sans pour autant voir des faits de négligences ou de maltraitance partout, il est important de poser une attention particulière.
Les bleus sont courants chez des enfants en plein apprentissage et qui ne maîtrisent pas encore leur corps. Dans ce cas de figure, les bleus doivent être concentrés de manière attendue sur les genoux, les avant-bras et les hanches.