Déprime ou dépression ?

La santé mentale des jeunes est un sujet de préoccupation croissante, particulièrement en ce qui concerne la différenciation entre la déprime passagère et la dépression clinique. Comprendre cette distinction est crucial pour offrir un soutien approprié et prévenir des conséquences graves. 

Il est courant d’entendre les termes de déprime et de dépression, pour qualifier une forme de mal-être chez les individus, sans réellement savoir de quoi il en retourne et ce que ces termes veulent réellement signifier. Or, chaque notion a ses spécificités et surtout ses propres conséquences. Pour aider un jeune qui ne semble pas “aller bien”, il est préférable de repérer et de comprendre les maux dont il souffre véritablement. 

D'une manière générale, un jeune “déprimé” vit un état passager et normal dans sa vie psychique. La déprime est une capacité, un mode de fonctionnement que détient l'individu, qui lui permet de traverser les épreuves difficiles, qu’elles soient mineures ou majeures, sans s’effondrer totalement. Elle peut être associée à des variations d’humeur, des coups de blues, des baisses de régime. 

La déprime est un mécanisme de gestion des difficultés psychiques. Prenons comme exemple l'image et le fonctionnement d'une cocotte-minute. Lorsqu'un individu n’en peut plus, il est courant d'entendre que la cocotte-minute est pleine et prête à exploser! La déprime va alors représenter une soupape de décompression pour laisser échapper un peu de son mal-être dans le but d'auto-réguler la charge émotionnelle ressentie. Les moments de déprime trouvent leurs origines dans un ou plusieurs évènements spécifiques. L’enfant ou l’adolescent va réussir à gérer tant bien que mal les aléas de sa vie, jusqu’à l’élément de trop. C’est ce que nous pouvons appeler la fatigue psychique ou le coup de déprime.  

A contrario, la dépression est considérée comme une véritable souffrance liée à une perte d’objet et à un sentiment réel d’abandon. De nombreuses recherches tendent à prouver qu’une dépression est la résultante de facteurs environnementaux, psychiques et génétiques. 

Il existerait donc une certaine prédisposition à la dépression basée sur une construction spécifique psychique. 

"Il est de plus en plus évident que la dépression majeure a des dispositions génétiques, comme en témoignent les études familiales, les études de jumeaux et les études d'adoption." – Dr. Douglas F. Levinson, psychiatre et chercheur, 2006.

À l’époque, Freud évoquait déjà la manière dont les troubles psychiques peuvent se manifester selon des prédispositions individuelles, en utilisant la métaphore du cristal : "Nous pouvons nous représenter la constitution comme un cristal comportant virtuellement des lignes de fracture spécifiques : si ce cristal devait se briser, il ne pourrait le faire qu'en suivant les lignes de failles inscrites dans sa structure."

Cette image de la personnalité comme un cristal aide à comprendre comment les différentes constitutions psychiques des individus peuvent influencer la manifestation des troubles psychiques comme la dépression, soulignant l'idée que les vulnérabilités internes déterminent souvent la manière dont les symptômes apparaissent.

Autrement dit, un enfant ou un ado qui se sent depuis toujours “incomplet”, qui présente de nombreuses failles au niveau de l'estime de lui-même, de l’amour de soi, va avoir tendance à se construire à l’aide de nombreuses béquilles. Ces béquilles “affectives” peuvent être définies par des rapports et relations aux autres, l’instruction à l’école, l'investissement dans une activité, des comportements addictifs, une relation amoureuse… 

Si une des béquilles cède (problématique scolaire, rupture amoureuse, déménagement avec la perte de ses liens sociaux…) , le jeune prédisposé à la souffrance sera enclin à développer un épisode dépressif. 

Les symptômes d’un épisode dépressifs qui doivent perdurer au-delà de 15 jours, sont les suivants : 

• Une humeur dépressive
• Une perte d'intérêt ou de plaisir pour les activités habituelles 
• Des changements d'habitude alimentaires
• Des troubles du sommeil
• Une agitation ou un ralentissement moteur dans les activités quotidiennes
• Une fatigue ou une perte d’énergie omniprésente
• Un sentiment de dévalorisation ou de culpabilité
• Des troubles cognitifs (concentration, difficulté à se positionner)
• Des idées suicidaires 

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